Exemples prophétiques

Ibrahim & les 4 oiseaux ressuscités

Allah Le Très-Haut nous dit :

Mentionne quand Ibrahim déclara :

– Mon Seigneur, fais-moi voir comment tu ressuscites les morts !

– Faute de quoi, tu ne croirais plus ?

– Mais si ! Ce n’est que pour tranquilliser mon coeur.

– Prends 4 oiseaux*, serre-les contre toi, Puis, disperse-les en morceau sur chaque colline et appelle-les. Ils te viendront à tire d’aile. Sache qu’Allah est Glorieux et Sage. »

_{*Un coq, un paon, un pigeon et un corbeau selon certains exégètes}

Sourate 2 (Al Baqara) Verset 260

Ibrahim Aleyhi salat wa salam, demande ici à Allah une preuve afin de rassurer sa croyance, comme l’a fait Moussa, Aleyhi salam, lorsqu’il Lui demanda de lui montrer sa face :

Moussa demande à voir Allah

Allah le Très-Haut nous dit :

Lorsque Moïse vint à notre assignation et que son Seigneur lui parla, il dit :

-Mon Seigneur ! Laisse-moi voir, que je puisse te contempler.

– Tu ne Me verras pas ! Mais regarde la montagne : si elle restait ferme en sa place, alors tu me verrais^*.

Or lorsque son Seigneur se manifesta à la montagne, Il la pulvérisa et Moïse tomba, perdant connaissance. Puis revenant à lui, il dit :

– Ô transcendance ! Je me repens à Toi. Je suis le premier des croyants !

_{* Le traducteur Jacques Berque fait ici le choix judicieux du conditionnel, bien qu’étrange, cet emploi souligne d’avance l’improbabilité de l’accomplissement de cette action, du fait que la vision directe d’Allah est impossible selon le Coran}

Pourquoi les Prophètes auraient-ils ainsi besoin de consolider leur foi ? Eux qu’Allah a tant favorisé, eux qui ont tant de proximité avec le Très Grand et qu’Il a pourvu de remarquables qualités ? Nul doute que ce soit du fait qu’Ils sont aussi des Hommes et des exemples pour nous. Si leur foi varie, quoi de plus normal qu’il en soit de même pour la notre.

Les doutes et interférences comme épreuve pour Nabi Mohammed ﷺ

Lorsque la sourate Ad Doha est parvenue à notre prophète ﷺ, il était désespéré de ne plus recevoir de révélation et se demandait si son Seigneur l’avait abandonné, Allah lui répond alors en ces termes :

« Par le jour montant et par la nuit quand elle couvre tout !

Ton Seigneur ne t’a ni abandonné, ni pris en aversion.

La vie dernière t’est, certes meilleure que la vie présente.

Ton Seigneur t’accordera certes [ses bienfaits] et alors tu seras satisfait.

Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin ? Alors Il t’a accueilli !

Ne t’a-t-il pas trouvé égaré ? Alors il t’a guidé.

Na t’a-t-il pas trouvé pauvre ? Alors il t’a enrichi.

Quant à l’orphelin, donc, ne le maltraite pas.

Quant au demandeur, ne le repousse pas.

Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le. »

Sourate ad doha (93)

Le Prophèteﷺ éprouvait des doutes, il se demandait s’il avait fait quelque chose de mal qui aurait déçu Allah. Une femme -probablement l’épouse d’Abou Lahab selon certains exégètes- vient se moquer de lui alors qu’il est alité depuis 3 jours en lui lançant : « Ô Mohammed, je pense que ton démon t’a abandonné, car depuis 2 ou 3 jours je ne l’ai pas vu près de toi. » D’autres pensent qu’il s’agit d’une femme de la tribu des Quraysh qui aurait affirmé « Son démon le fait attendre ». C’est alors que lui fut révélée la Sourate. Érigée en serment, elle prend à témoin les contraires complémentaires que sont le jour et la nuit puis fait succéder différents états opposant la situation de dépourvu à celle de comblé (par la grâce d’Allah). La charge émotionnelle de cette révélation n’a d’égal que la volonté d’Allah de consoler son bien aimé Messager et l’ensemble des croyants qui traversent des périodes de doute. Pour apprécier la vie, il faut être mortel. Pour profiter du jour, il faut connaître la nuit. Pour parfaire son être, il faut être mis à l’épreuve. Pour atteindre l’excellence (l’Ihsan) il faut entretenir sa foi.

Tous les versets cités sont des réconforts d’Allah aux doutes auxquels étaient confrontés Ses Prophètes, et par là même des réconforts à chaque croyant. Peu importe notre mission sur terre, chaque humain porte en lui une part de la création divine, chaque humain a une place toute particulière pour son créateur et chaque humain, peu importe les doutes auxquels il est confronté se trouvera exhaussé s’il fait un appel sincère à son Seigneur.

Ces exemples coraniques nous montrent combien les invocations sont importantes. Demander l’aide d’Allah, même lorsqu’on doute, c’est croire. En Islam la certitude est supérieure au doute, ainsi la vérité le supplante, lorsque Ibrahim ou Moussa demandent des preuves ils s’adressent directement au Très-Haut.

Citons un autre verset qui souligne cela :

« Nous n’avons envoyé avant toi, ni Messager, ni Prophète qui n’ait récité (ce qui lui a été révélé), sans que Satan, quand ils éprouvaient une aspiration, n’y mêlât de ses projections, (pour semer le doute dans le coeur des gens au sujet de sa récitation). Allah abroge ce que le diable suggère, et Allah renforce ses versets. Allah est Omniscient et Sage. »

Sourate 22 El Hajj, verset 52

Certains ont rapporté qu’il arrivait au Prophète Mohammed ﷺ ainsi qu’ à son auditoire d’entendre des résonances trompeuses lors de ses récitations. Ibn Kathir, cite dans son exégèse, le Sahih d’Al Bukhârî selon lequel Ibn ‘Abbâs (رضي الله عنه‎) affirme qu’il arrivait que lorsque le Prophète ﷺ récitait le Coran, le diable coupait ses propos de projections sataniques, (selon Al Baghawi, « réciter » signifie pour la plupart des exégètes psalmodier ou lire le Coran). Cela a suscité la controverse car pour bon nombre d’érudits il est improbable que le Prophète, meilleur homme que la terre ait portée soit sujet à de telles failles. Or comme je le souligne dans l’article Aïd El-Adha que je vous invite à consulter, il est tout à fait normal que les Prophètes commettent des erreurs au cours des épreuves qu’Allah leur fait vivre. Ceci n’enlève rien à leur qualité extraordinaire mais en nous rappelant leur humanité nous pouvons faire des parallèles tout au long de notre vie en analysant nos expériences à travers leurs histoires.

Tous les versets cités sont des réconforts d’Allah aux doutes auxquels étaient confrontés Ses Prophètes, et par là même des réconforts à chaque croyant. Peu importe notre mission sur terre, chaque humain porte en lui une part de la création divine, chaque humain a une place toute particulière pour son créateur et chaque humain, peu importe les doutes auxquels il est confronté se trouvera exhaussé s’il fait un appel sincère à son Seigneur. Le Tout Puissant, dont nul n’égale la perception, Le Seul Digne d’Adoration, de Puissance et d’Immense Mansuétude. Chacun des extraits de sourates sus-cités se terminent par des attributs d’Allah qui soulignent sa grande miséricorde. Jamais Le Très-Haut ne laisse son adorateur dans l’inconfort lorsqu’il l’invoque. Les épreuves qu’il traverse sont là afin de le renforcer à long terme, à l’image de l’arbre qui perd ses feuilles en hiver au point qu’il semble mort et qui renaît le printemps venu plus fort que s’il avait continué à produire un feuillage énergivore des mois durant, cette petite résurrection se fait au grand bonheur de l’ensemble de la création.

La foi est ainsi faite, jamais acquise elle varie, augmente ou diminue au gré des expériences que la vie nous offre, l’accepter est le meilleur moyen de se prémunir pour préserver notre taqwa. Voilà pourquoi il est important de l’entretenir, d’en prendre soin. Allah a pour se faire fondé notre noble religion sur 5 piliers afin que notre foi puisse se renouveler fréquemment : l’attestation de foi ( la Chahada ٱلشَّهَادَة ) puis 5 prières quotidiennes afin de l’entretenir sans cesse, le jeune du mois de Ramadan, l’impôt de redistribution (la Zakat al mal annuelle) comme rappel des bienfaits dont Al Razzaq nous comble et le pélérinage une fois dans la vie. Tous contribuent à régénérer notre Iman, notre Islam, notre Ihsan. A cela s’ajoute un travail sur soi important, « une réflexivité », forme d’introspection permettant de prendre du recul afin de mieux se connaitre et de se perfectionner, une organisation axée autour de rappels, un entourage lumineux, des invocations sincères, des efforts soutenus pour conserver notre taqwa afin de s’éloigner des limites fixées et de se rapprocher de l’excellence pour la satisfaction de notre Seigneur. La foi « notre anti-dépresseurs » (clin d’oeil aux connaisseurs « comprendront ceux qui doivent comprendre ») a été ainsi définit par l’Ange Gabriel lui même comme une des 3 caractéristiques de l’Islam. Je vous renvoie pour plus de détails à cet article : La femme voilée, une assistée ? qui traite en profondeur ce hadith : qu’est ce que l’islam à travers le schéma suivant.